Auteur : MATHIEU LAMOTHE ET LA PRESSE CANADIENNE, 11 avril 2018

L’achat de prothèses mammaires externes sera désormais remboursé par Québec aux femmes ayant dû subir une mastectomie partielle ou totale à la suite d’un cancer du sein.

Jusqu’à maintenant, le gouvernement remboursait 50 pour cent de la facture. Ce sera désormais 100 pour cent, soit un maximum de 425 $, et ce, aux deux ans.
La mesure devrait coûter environ 3,6 millions $ au trésor public annuellement.
Au Québec, quelque 6000 femmes reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année.

Cette annonce est accueillie avec grand enthousiasme par la Trifluvienne Annie Hardy, qui réclame une révision du programme des prothèses mammaires externes au Québec depuis plusieurs années. Selon elle, trop de femmes doivent se priver d’un moyen pouvant les aider à retrouver le confort dans leurs soutiens-gorge et, par- dessus tout, leur estime d’elles- mêmes, en raison de ressources financières limitées.


Convaincue du bien-fondé de ses revendications, elle avait initié une pétition qui a été déposée à l’Assemblée nationale à l’automne 2016. Elle se trouvait d’ailleurs aux côtés de la ministre de la Condition féminine, Hélène David, et de son collègue à la Santé, Gaétan Barrette lors du point de presse au cours de laquelle l’annonce a été faite.


«C’est ce que je voulais! Quand nous avons déposé la première partie de la pétition, c’était pour les prothèses partielles, parce qu’il n’y avait rien pour ça. En chemin, nous avons demandé qu’il [le gouvernement] paye pour toutes les pro- thèses. Je ne pouvais pas concevoir qu’on ne puisse pas payer environ 400 $ pour une prothèse alors qu’une reconstruction mammaire coûte entre 30 000 $ et 90 000 $. Ça n’avait aucun sens», indique Mme Hardy.


En plus d’avoir déposé la pétition, appuyée par le député de Champlain Pierre-Michel Auger, la commerçante qui tient une boutique de lingerie féminine ainsi qu’une clinique d’ajustement de soutien-gorge spécialisée a rencontré le ministre Barrette afin de lui exposer son point de vue. À la lumière de l’annonce de mardi, ce dernier semble avoir bien compris ses demandes.

La dame a même été contactée par la Régie d’assurance maladie du Québec à quelques reprises à titre d’experte en la matière.

 

POUR NE PAS SUBIR UNE AUTRE OPÉRATION
La prothèse mammaire externe constitue une solution de rechange aux femmes ayant subi une mastectomie mais ne souhaitant pas se prêter à une chirurgie de reconstruction mammaire, une procédure complexe et délicate. Comme son nom l’indique, la prothèse externe ne nécessite pas de chirurgie, se portant sous les vêtements, dans le soutien-gorge.


Une mastectomie, radicale ou partielle, entraîne des changements physiques ayant un impact considérable sur la qualité de vie des femmes, a commenté le ministre de la Santé. La femme subit alors «un impact sur l’estime de soi, un impact sur sa propre perception, un impact sur sa propre vie», a énuméré le ministre, disant que le sujet était encore tabou dans la société.

Or, certaines femmes «font des dépressions», à la suite d’une mastectomie, a commenté le ministre Barrette, pour justifier l’importance d’apporter un soutien financier à celles qui doivent subir les conséquences tant physiques que psychologiques d’un diagnostic de cancer du sein. Après avoir subi divers traitements (radiothérapie, chimiothérapie) suivis d’une mastectomie, soit l’ablation totale ou partielle du sein, les femmes vont souvent préférer ne pas s’infliger une intervention chirurgicale supplémentaire visant à reconstruire un nouveau sein, choisissant plutôt «de ne pas s’embarquer dans cette nouvelle épreuve», a expliqué M. Barrette. D’où l’utilité de pouvoir opter pour la prothèse externe, si la femme le désire. D’autant plus, a ajouté le Dr Barrette, que la reconstruction mammaire est une intervention chirurgicale majeure.

CRÉATION D’UNE NOUVELLE FONDATION
Dans le cadre de ses efforts afin d’aider les femmes atteintes du cancer du sein, Mme Hardy a décidé de créer une fondation qui aura notamment comme objectif de fournir, et ce gratuitement, une camisole adaptée aux femmes venant tout juste de subir une mastectomie. Le lancement de la fondation aura d’ailleurs lieu ce jeudi.

05 février, 2022 — Jonathan Grenier

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